C’est là où le désir d’entrer en relation en silence devient très intéressant. Je dis bien entrer en communication «en» silence et non «par» le silence. Je crois que en et par sont deux marqueurs de relation complètement différents dans ce contexte de relation humaine. On peut essayer de communiquer par le silence et ne rien se dire, et on peut tout révéler à l’autre, ou comprendre l’autre, lorsqu’on se met dans un état de silence. «En» étant une préposition qui marque habituellement la position à l’intérieur d’un espace, d’un temps, d’un état. Être en silence peut nous faire dire ou entendre beaucoup de chose par le regard.
On vit une période de pandémie où il ne nous reste que ça à offrir; le regard. Le trois quart du visage caché par un masque, on vit nos vies d’un bureau à l’autre, d’une rangée d’épicerie au bon sens des flèches, d’un wagon de métro à moitié vide à la prochaine station en déambulant des regards au-dessus d’un rectangle de tissu fleuri, rayé, carreauté, picoté, étiré jusqu’aux oreilles. Avant, c’était facile de communiquer aux passants notre envie d’exister dans le monde par le sourire, mais là, il nous est donné le défi de se pratiquer à se parler, se rassurer, se dire qu’on n’est pas seul, se dire les uns aux autres, je te vois, je t’ai vu, je sais que tu existes, que tu comptes pour le monde, que tu as ta place, ta nécessité d’exister toi l’artiste, le propriétaire de bar, de resto, le musicien, le comédien, le chanteur, le serveur, l’hôtelier, et tous les autres que leur vie ne tienne qu’à un fil de ne plus se sentir utiles dans la société. Qui craignent l’incertitude d’un retour à la normale. Que le mot «normal» pour eux, pour elles, ravive trop de nostalgie. Et pour d’autres, trop de réclusions, de limites. Qu’on ne devrait plus jamais dire ce mot en «N», puisqu’il n’y a plus rien de normal, que c’est dépassé tout ça, que c’est trop restreignant, diminuant, contraignant.
Dire tous ces mots d’amour par le regard, en silence, n’ayant que nos battements de cils pour syntaxe et ponctuation….
Le café sul’poêle, je sais que je t’aime, toi qui me lit, viens, on va boire!
Le regard en dit long…………merci Catia pour ce beau papier 💓
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Un regard tout sourire…. Je trouve bien dommage lorsque la peur fait détourner les regards dans la rue alors que c’est tout ce qui reste de «nous»… Y’a de ces gens qui sont peut-être bien sans le vivre ensemble…
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