Avec le temps va, tout s’en va…

On s’éduque à faire du pain.

Pas que j’veux dire qu’on en apprend plus sur des sujets aussi fondamentaux que l’avancée de la fonctionnalisation d’halocyclopropanes et de la préparation des composés diazoïques semi- et non-stabilisés pour la synthèse des cyclopropanes polysubstitués… Non, non, pass’que ça, on sait TOUS que ces affaires-là sont primordiales pour la reproduction des bombyx en rut du mûrier de Chine.

C’que j’veux dire, c’est qu’au y’able Eckhart Tolle, le Pouvoir du moment présent, y s’trouve dans l’pétrissage d’un bon pain blanc!

Faire son pain, c’est retrouver le pouvoir de ses mains; l’autosuffisance de ces premiers outils paléolithiques. C’est un procédé peut-être bien anodin, mais ô combien biogénétique. Une gestuel ancestrale transmise de culture en génération, de courbature à l’industrialisation, de la nature à la prison, de la ligature à l’adoption. L’ami de la mie vit encore aujourd’hui. Une chance! Que serait le Français sans sa baguette? La mésange sans ses miettes? Les cocos trempe-bonhomme sans ses trempettes?

L’art de brasser, plier, modeler sa pâte à pain est aussi méditatif qu’une semaine passée dans un ashram en Inde, sauf que t’as pas besoin de vider ton compte de banque au nom d’une secte fuckée ou de pogner l’herpès parce qu’a fallu que tu couches avec le gourou wannabe Santa Claus qui lui a couché ‘ec toutes ses fidèles avant toi (Ouais… En confinement, j’ai regardé des séries documentaires sur Bikram et Osho… Maudite bande de malades!).

Ce n’est pas que mélanger la levure, le sel, l’eau et la farine, c’est aussi retrouver ses racines, son berceau, un modèle à sa mesure.

Yvon Deschamps le répétait souvent: «Pour sawouère ousse qu’on s’en va, faut sawouère d’ousse qu’on vient». Ça fait plus de 10 000 ans av. J-C que le pain on le pétrit. Ça en fait des croutes à manger pour rattraper le temps perdu à acheter du pain tranché carré dans des sacs en plastique faites sul’long, non-recyclables, que tu peux même pas réutiliser pour en faire un sac à vidanges. Y fit pas nulle part su’les r’bords de ta poubelle. Et que dire des deux boutes de croute aux extrémités de la miche que personne veut manger, qui finissent toujours par sécher dans le fond du sac dans un ramassis de graines de lin, de pavot, de sésame, de millet mélangé. T’sais les ceuzes qui te poussent à te poser des questions d’éthique philosophique en mangeant ta toast le matin du genre: «Est-ce un droit naturel ou une forme de positivisme juridique à la Léon Guidit, dans la fabrication du pain tranché pour les graines de vivre au crochet des tranches carrées?», «Est-ce une forme d’aide médicale à mourir, un suicide assisté pour les graines de se faire asphyxier obligé dans le fond d’un sac en plastique?», «Pourquoi détourner les graines de leur fonction primaire qui réside dans sa finalité de se faire manger en les condamnant aux travaux forcés de décorer le dessus de la miche de pain qui ne sert absolument à rien?»

Non, mais… On jase là…

Pétrir le pain, c’est d’abord remuer l’histoire de nos ancêtres. Ceux qu’on n’a pas connus. Qu’on oublie trop souvent que c’est grâce à eux que tu vis une belle vie facile aujourd’hui, dans l’abondance et l’accessibilité à tout!

On pense à la fois où ils prenaient ce que la terre voulait bien leur donner. La fois où ils se contentaient de peu. Le jour où le petit dernier venait de naître. Et que la mère après son 21ième enfant, avait survécu. Où les rires fusaient de partout dans la maisonnée. Où même le quêteux, en faisant sa tournée, vivait des jours heureux.

Il y a aussi le passé qu’on écrase en même temps qu’on plie la pâte. La colonisation, la guerre, le génocide culturel des Premières Nations, l’exploitation de la terre…

C’est en pétrissant le pain que le présent défie demain. Tu te mets à penser que tu ne manques et ne manqueras jamais de rien tant que tu sais faire du pain. Je dis ça à tort ou à raison. C’est vrai que je suis privilégiée, j’ai un travail, une belle maison, une fille en santé. Je vis une saine relation, j’aime et je suis aimée. J’ai tout ce qu’il me faut, un peu d’argent, des amies, des idéaux, du temps, de l’esprit, de l’égo… L’égo?!…

Hein?

Ah…

Je pensais que je faisais tout bonnement le compte de mes bénédictions, pas un face à face avec mon processus d’identification. Voyons donc! Ça intéresse personne. Quelle petitesse! Qu’on me pardonne…

Mais quess’tu veux, c’est quand même ici que je vous ramène aux vices cachés…

À nos conversations de rénovation!

N’oubliez pas que je dérouille lentement les touches de mon clavier, que j’active mon inspiration… Alors, voilà que j’ose transposer des haillons de pensées comme une copie brouillon partagée sur vos écrans éclairés de néons intégrés…

2 réflexions sur “Avec le temps va, tout s’en va…

  1. Te lire au milieu de ma déprime de la nuit est une rėconciliation dans ce marasme covidaire et pour cette dernière phrase je te supplie de continuer à écrire tes haillons de pensées littéraires. JLL

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